Série: La Terre sans mal
Auteurs: Sibran / Lepage
Editeur : Dupuis / Air Libre
Une chronique BD : Génération BD
« La terre sans mal », cet album unique fait sa réapparition à l’occasion des vingt ans de la collection « air libre » de chez Dupuis. Il devrait s’agir en fait d’un tirage limité avec jaquette et cahier supplémentaire de dessins inédits. Sa premier parution en 1999 avait séduit l’ensemble des lecteurs.
Cet album a reçu plusieurs prix dont notamment, le Prix des libraires Canal BD du meilleur album, le Grand Prix du Festival de Sierre, l’ Eléphant d'Or au Festival de Chambéry,le Prix Œcuménique, la nomination pour l'Alph'art du meilleur album à Angoulême en 2000
Début des avancées nazies en Europe, Eliane Goldschmidt jeune linguiste française retrouve aux confins de la jungle Paraguayenne, une tribu d’indien Mbyas afin de poursuivre ses observations sur leur langue et leur moeurs. Un jour, les indiens changent étrangement de comportement, Eliane apprend alors que le Karai, l’Homme-Dieu viendra prochainement les chercher pour entamer le voyage pour la terre sans mal qui d’après la légende indienne serait un paradis . Elle décide de les suivre, mais ce voyage inattendu, très pénible et de longue durée deviendra également pour Eliane un voyage intérieur, un passage initiatique ainsi qu’une quête salvatrice…..
Emmanuel Lepage (France- dessinateur et coloriste) a déjà collaboré à la réalisation d’environ 20 albums, dont notamment les séries l’Envoyé, Kelvinn, Névé et Muchacho. Il nous propose ici bien plus qu’un simple dessin car il s’agit plutôt d’un graphisme total dédié à une forêt sud-américaine riche en lumière et en couleurs ainsi qu’a ses occupants plutôt dénudés.
En effet, la technique des avant-plans ancrés et des crayonnés peints directement à l’aquarelle participe à ce réalisme stupéfiant. On peut ressentir sans mal le mystère, la force et la beauté de cet environnement particulier. Les corps très beaux sont en harmonie avec leur environnement.
Anne Sibran (France - ethnologue, romancière et scénariste). Après avoir écrit « Bleu figuier », son premier roman, elle se chargea du scénario du "Quartier évanoui" pour Tronchet, chez Glénat en 1994.
Riche d’une matière puisée auprès des écrits des époux Clastres, spécialistes des pratiques, propos et pensées des indiens Guayaki dont il partagèrent l'intimité, dans une véritable osmose de comportement et de pensée avec cette tribu, elle nous propose ici un voyage au propre comme au figuré dépaysant intégrant une vraie dimension dramatique et spirituelle (la recherche d’un paradis, d’un eldorado). L’écriture est fine et le récit est suffisamment envoûtant pour se passer d’une fin classique ou à l’eau de rose. Comme précisé dans l’album, l’essentiel parfois finalement ce n’est pas de trouver …..mais de savoir qu’il n’y plus rien à chercher.
Un très bel ouvrage.
Bonne lecture aux aficionados du genre !
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