Vous n’avez point encore lu la  première partie de cette double-chronique ?  Malheureux, foncez donc tout d’abord lire les résumés de ces 2 tomes, puis revenez ici pour connaitre notre avis…

Ce qu’on en a pensé…

Herlock Sholmès avait déjà été introduit par Maurice Leblanc (l’écrivain originel de l’œuvre) dans la 10^ème nouvelle : « Herlock Sholmès arrive trop tard » (tome 3 de cette édition).  Las, ce n’était qu’un galop d’essai et la rencontre n’a donné lieu qu’à un simple échange de politesse dans une allée  de château…. Rassuré quant à l’utilisation de ce personnage charismatique ne lui appartenant pas  (Conan Doyle aurait légèrement sourcillé en découvrant cet indigne méfait), l’ami Maurice s’amuse donc pleinement cette fois en opposant sur une longue enquête ces 2 héros de la littérature.  En fan de Sherlock Holmes et d’Arsène Lupin, inutile donc de vous dire qu’on attendait cette aventure avec grand intérêt !

Et le moins que l’on puisse dire est que nous n’avons pas été déçu pour un sous ! 

Soulignons tout d’abord le fantastique travail d’adaptation de l’œuvre par le mangaka : si le texte originel n’est pas repris mots à mots, qu’il s’amuse parfois à rajouter quelque scène ou petit figurant pour recontextualiser son récit, ou qu’il modifie parfois (très légèrement) le déroulé des histoires dans un souci de lisibilité, on se retrouve toujours pleinement immergé dans les différentes nouvelles écrites par Maurice Leblanc.

La rencontre, au cœur du tome IV -fortuite qui plus est- entre ces 2 emblématiques figures du crime est un véritable petit bijou de tensions dialectiques !  Et cette fois, l’auteur nous offre pareil duel jusqu’à plus soif : cet évènement durera près de 2 chapitres, où l’on pressent notre beau cambrioleur à la fois fébrile devant la sagacité mais aussi excité par le défi : enfin un homme à sa mesure se réjouira-t-il…

Suite à cette première jauge, le défi d’arrêter Lupin en 10 jours lancé par Sherlock démarre mais tourne rapidement à l’avantage du fieffé roi de la Cambriole, arrachant quelques poils de dignité à son adversaire lors des 2 premiers actes…

Et ce terrible jeu du chat & de la souris de se poursuivre, jusqu’au moment où enfin le célèbre détective acceptera l’idée qu’il aura besoin d’aide pour vaincre sur son terrain de jeu ce terrible adversaire !

Cette histoire -contée en presque 500 planches !- n’est pas à envisager comme un combat de titans tels qu’on peut le percevoir.  Il est plus judicieux de voir un combat entre un Champion toute catégorie et un tout jeune challenger totalement inconscient le défiant, car c’est au début de la carrière de Lupin que cet affrontement se déroule.

Pour le jeune Lupin, Sholmès doit représenter une sorte d’énorme muraille à franchir, mais aussi le principal objet de ses craintes.

Ce n’est pas vous spoiler grandement en vous disant que le climax de cette incroyable mano-à-mano se clôt par l’arrestation de notre gentleman (le titre des chapitres présent dans la table des matières est suffisamenent explicite).  Néanmoins, toute la résolution de cette enquête se révèle à la pleine mesure de ce à quoi on pouvait légitiment espéré : ainsi, le faciès totalement hébété de satisfaction de Ganimard lorsqu’il arrête son Nemesis est incroyable de jubilation, la mise en scène de l’arrestation est emplie de tension dans chacune de ses cases…. Quel travail d’orfèvre a donc commis ici Takashi Morita !!!

Nous ne pouvons terminer cette chronique sans citer Arsène Lupin, menotté et faisant ses adieux à Herlcock Sholmès ainsi :

« Bon voyage, Maitre Sholmès !  Et croyez bien que je n’oublierai jamais les relations cordiales que nous avons entretenues. »…  « C’est ce que j’appelle file à l’anglaise. Ce digne insulaire ne possède pas cette fleur de courtoisie par laquelle nous nous distinguons…  mais peu importe Maitre Sholmès, j’irai moi-même vous rendre visite ! »

Le prochain tome remettra Ganimard au centre de l’histoire avec le « Diadème de la princesse », avant que

« La Lampe Juive ne voie revenir ces 2 grands maitres de l’enquête se confronter une seconde fois.  C’en sera le 7^ème tome de cette nouvelle édition (parution en Septembre 2022).

Pour en savoir (encore) + …

Qui est Maurice Leblanc ?

Maurice Leblanc est un écrivain français de romans policiers et d'aventures, ainsi que l'inventeur d'Arsène Lupin, le gentleman-cambrioleur.

En 1888, il monte à Paris pour écrire. Il reçoit la commande d’une nouvelle pour le mensuel « Je sais tout » et propose « L’arrestation d’Arsène Lupin »

C'est l'avènement du personnage.

L’auteur, dans sa lancée, signe alors « Arsène Lupin contre Herlock Sholmes », s'attirant les foudres de sir Conan Doyle, qui n'apprécie guère la parodie.

Toutefois, cela n'empêche pas Maurice Leblanc de rencontrer le succès, grâce a de nombreux romans

Pourtant, l'écrivain renie peu à peu son personnage.
En 1910, il tente de le tuer dans « 813 » mais le ressuscite aussitôt dans « Le Bouchon de cristal »

Avec l'occupation allemande, il se réfugie à  Perpignan en 1939, où il décèdera deux

années plus tard, après avoir écrit des dizaines de romans et nouvelles.

Qui est Takashi Morita ?

Takashi Morita est un mangaka japonais, connu pour son travail sur l'adaptation en manga des aventures du célèbre personnage d'Arsène Lupin de Maurice Leblanc.

En 1997, alors qu'il travaille dans une entreprise de jeux vidéo, il soumet sa nouvelle

« Bless You » à un concours organisé par Shôgakukan et remporte le 40^ème Grand Prix Shogakukan.

Néanmoins, c’est chez l’éditeur Kôdansha qu'il fait ses preuves: fasciné depuis longtemps par Arsène Lupin, Takashi Morita avait déjà fait intervenir le fameux gentleman-cambrioleur dans l'une de ses séries en 2001 intitulée « Clock Clock ».

C'est donc tout naturellement qu’il signe par la suite le manga Arsène Lupin, une série terminée récemment

Milan Morales