Série: Shame
Auteurs: John Bolton, Lovern Kindzierski
Editeur BD: Glenat
Une chronique BD: Génération BD
Shame est d’abord l’histoire d’une ville femme nommé mère Vertu qui vivait au temps du moyen-âge.
Plus toute jeune et, il faut le dire, plutôt laide mais animée de bonnes intentions, mère Vertu parcourt les villages et répand le bien, tantôt en soignant un malade grâce à sa magie, tantôt en s’occupant avec beaucoup de patiences des enfants et ceux-ci le lui rendait bien.
Au fond d’elle-même, mère Vertu se disait qu’elle enfanterait bien elle aussi…
Au cœur des ténèbres, un certain Injure venu tout droit de l’ombre de l’ignorance pris ce souhait à la lettre et va injecter une graine noire dans le ventre de la femme. Elle allait enfanter d’une fille nommé Honte qui aurait l’âme aussi noire qu’Injure…
Mère Vertu va tout faire pour enfermer sa fille dans une zone circonscrite autour de sa chaumière. Et Honte, fille sans cœur, va grandir enfermée de cet écrin.
Progressivement, Honte prendra conscience de ses pouvoirs et se renforcera lorsqu’elle-même tombera enceinte du cœur des ténèbres.
En représailles contre sa mère, Honte va l’emprisonner et celle-ci va assister impuissante au mal perpétré par sa fille. Heureusement, mère Vertu va bénéficier du soutien d’un certain Mérite et le cours des choses va s’inverser.
Lorsque l’on est chroniqueur, on se laisse parfois tenter par les voies de traverse… C’est à dire que plutôt que de chroniquer un style de BD classique que l’on connaît bien, on des lance parfois dans le défi de l’expérimental en se disant que cela pourrait être bien et que cela permettra de découvrir d’autres styles narratifs. Cette démarche s’avère souvent très riche et je ne regrette pas mes explorations aventureuses qui m’ont fait découvrir des choses très chouettes à côté desquelles j’aurais pu passer.
En recevant Shame, j’avoue pourtant avoir été quelque peu déconcerté. Non pas que le côté fantastique soit pour me déplaire mais j’ai eu l’impression de me trouver confronté à une histoire à la fois facile et compliquée. La version facile est celle dont j’ai fait le résumé tandis que la version plus alambiquée concerne des « mutations » dont je n’ai pas parlé. Par exemple, la femme plutôt laide nommée mère Vertu se transforme en jeune pin up rousse qui n’aurait pas eu de problème pour se faire un enfant si elle s’était montrée sous cette apparence plutôt qu’avec le physique d’une vieille boutonneuse (sans vouloir verser dans un machisme basique). Il semblerait que les auteurs ont voulu décrire une Vertu réincarnée, non inhibée…
De la même manière, on peut s’étonner que les poitrines des héroïnes soient si mises en évidence. Même la méchante Honte se présente dans une tenue dévêtue et à partir de la page 36 jusqu’à la page 153 (pour un livre qui en fait 178), le nombre de dessins de femmes dénudées (ou pas loin de cela) est assez prolifique. Je ne suis pas choqué par cela et le beau graphisme permet de dire que ce n’est pas désagréable à lire mais j’avoue ne pas en percevoir l’utilité…
Au final, Shame me laisse un peu perplexe. Chaque planche démontrer un travail graphique en profondeur et mérite le détour mais en même l’esthétisme se fait peut-être au détriment de la profondeur de l’histoire. Les symboliques développées dans cette histoire ont probablement échappé à mon esprit trop cartésien.
Je pense que le mieux est que vous lisiez cette histoires et me dites ce que vous en pensez…