Geluck pète les plombs
Dessinateur : Philippe Geluck
Editeur: Casterman

Mon avis
Peut-on rire de tout ? C’est la question que l’on est en droit de se poser. Moi qui suis un fervent adepte de Geluck depuis le tout début (je le suivais déjà à l’époque glorieuse de Lollipop, les émissions cultissimes pour enfants de la RTBF), j’avoue avoir été très étonné parfois de certains dessins contenus de ce troisième volet.
Du temps de Lollipop, il repoussait déjà les limites des émissions enfantines et s’adressait aux jeunes comme à des adultes et non pas en les infantilisant. Avec son Chat philosophe soliloquant et énonçant des aphorismes et des maximes, et jouant avec les mots tels un Raymond Devos, j’étais conquis, de même qu’une toute grosse partie du public francophone belge, français et québécois. Mais cette fois-ci j’admets être plus réservé. Ses textes sont comme à l’accoutumée excellement bien écrit, avec des tournures de phrases come je les aime. Qu’on aime ou pas le fond et le contenu, il faut admettre que son style est jouissif. Et lorsqu’il a moins à dire, il nous sert des brèves salées de Kurt telles « Quand une femme a deux enfants dans le ventre, elle se plaint que c’est lourd. L’homme, lui, il en porte des millions dans les couilles et il ne se plaint jamais. Question de caractère ».

Mais avec les illustrations, certaines sont à mon sens excessives. En page de titre il l’annonce lui-même par ailleurs : « Cette fois il va trop loin » ; et en dernière de couverture « Textes et dessins indéfendables ». Quel est le but recherché ? Faire parler de lui, voire en choquant son lectorat si besoin ? Il est vrai que parallèlement à cette sortie paraît aussi un nouveau recueil des aventures du Chat, « Le chat pète le feu – best of n°6 » qui reprend un recueil des meilleurs dessins parus ces 10 dernières années alors d’une pierre deux coups pour la promotion ?
Et puis, il faut bien reconnaître que si Geluck se lâche et tape sur tout ce qui bouge, des curés pédophiles au décès de Johnny, en passant par Trump, des migrants à Schumacher, du harcèlement aux sans-papiers, il se moque aussi de lui-même comme en page 18 avec son musée du Chat (bon, vous me direz qu’il parvient donc encore à glisser une publicité pour lui et son musée mais bon…).
Bref, je pense que l’auteur n’a plus rien à perdre ni à prouver et donc il ose tout, quitte peut-être à choquer et perdre des lecteurs. Geluck le dit lui-même, en matière d’humour il s’autorise à ne se limiter en rien et à aborder tous les sujets, sans exception.
Je reste donc dubitatif par rapport à ce tome grinçant et sarcastique, politiquement incorrect, mais sans un fond de méchanceté. Et en inconditionnel de l’auteur j’attends avec impatience son prochain album du Chat, probablement plus classique et nettement plus acceptable car moins provocateur.
Maroulf