Chronique BD: De Cape et de Crocs #12

Si ce n'est toi...
♥ Coup de coeur ♥


Série: De Cape et de Crocs #12
Auteurs: Alain Ayroles, Jean-Luc Masbou
Editeur BD: Delcourt

Une chronique BD: Génération BD

Le pitch :
L’ultime tome de Cape et de … Quenottes ! Un chef d’œuvre, couronné d’un magistral « coup de cœur » !
L’histoire : 
Incroyable ! Jeté du terril familial pour aller vivre sa vie, notre brave Eusèbe a pu intégrer la garde du Cardinal ; las, il en sera très vite répudié et notre héros tentera moultes petits métiers, sans passion si ce n’est celle de vivre et survivre dans Paris… 
Pourtant, alors qu’il allait sans nul doute passer l’arme à gauche, du fait d’un groupe de sombres malandrins, il est sauf par son frère jumeau égaré, le canard boiteux de la famille : Fulgence !

Ce dernier a vu grand : il dirige la grosse société parisienne de crimes et de délits organisés, appelée « La cour des miracles » !  Il propose à son naïf petit frère de faire équipe avec lui, afin d’étendre encore son empire hors des bas-fonds de la capitale ! Ayant compris que le frère déchû n’avait toujours pas réussi à trouver le chemin de l’honnêteté et de la droiture, Eusèbe est persuadé pouvoir rallumer la lueur de la justice en cette paire d’yeux voilés par le brigandage, l’incivilité et la cupidité !

Si cette nouvelle mission pour notre brave lapin est déjà de taille, elle sera encore plus mise en péril par Fagotin, le singe assassin qui déclarera à son endroit:  « Cette nuit, pour un denier, j’ai tué un homme… Aujourd’hui, pour un rien, je tuerai un lapin ! »


Mon avis :
La marque de fabrique de cette série est connue : rebondissements, coups de théâtre, dialogues enlevés… Dans la plus pure tradition des romans de capes et d’épées, Alain Ayroles nous emmène dans les bas-fonds de Paris, à l’époque des mousquetaires…

Jamais, au grand jamais, une série sur cette thématique n’avait eu pareils retentissements ! 10 premiers tomes avaient enchantés les centaines de milliers de lecteurs avides d’Aventures et de bons mots ! Alors que l’histoire se terminait en une apothéose artificienne digne de Sainte Barbe, 3 années plus tard, un spin-off ultime était annoncé : « il sera diptyque ou ne sera rien », annonceront de concert les auteurs ! Las, nos fiers gaillards tiendront parole : voici l’ultime tome de cette fantastique Saga !

Force m’est de l’avouer : cette série tiendra une place à part dans mon cœur : jamais au grand jamais, je ne pourrai la ranger dans un coin sombre de ma bibliothèque (pire même, un artisan coffreur de tout premier rang est occupé à me tailler un écrin à la hauteur de l’œuvre…)
Jamais au grand jamais, je n’ai rencontré pareille série, dont des dialogues entiers sont rédigés en alexandrins, avec une logorrhée aussi complexe, mais sans jamais paraitre lourde ! Alain Ayroles, ce scénariste de génie (j’ose le mot, sans galvaudage ou flagornerie !) aura réussi à remettre au gout du jour des Maitres de la scène tels Molière ou Dumas…

Je me rappelle pourtant mes doutes à la sortie du tome 1 : une aventure avec des héros ayant visage de loup ou de renard ?!? Jamais, au grand jamais, je n’achèterai cet ersatz de romans à la sauce Dumas… 4 tomes plus tard (sic !), c’est une réplique d’un barbare qui fit résonner en moi une corde sensible : « Mais que Diable allait-il faire dans cette galère ? »  Outre l’outrecuidance coutumière de mon pourvoyeur de bonheur, cet estoc cinglant avait marqué au fer rouge mes tendres années, lisant puis mettant en scène Cyrano de Bergerac, puis les Fourberies de Scapin, de Molière… Dés lors, j’étais cuit : j’ai donc sombré corps et âme dans la série, rattrapant d’un seul achat mon retard et comblant en une nuit cette fosse béante, me laissant aux petites heures du matin complètement vidé, espaudi par ce joyau inaltérable…

Avant de clore cette chronique coup de cœur, je ne peux passer sous silence l’effroyable travail d’orfèvre de Jean-Luc Masbou ! De son coup de patte, il réussit à rendre plus humains ses créatures que le plus humain des humains ! Un comble… 
Tel le plus fier des mousquetaires, il manie plumes et pinceaux avec une dextérité sans faille, nous livrant profusion de décors incroyables et plus somptueux les uns que les autres : Paris, l’île au trésor, la Lune ! Pire même, il réussit à rendre charismatique un simple lapin, sans même l’affubler d’un costume…

Ce soir, je crie, ô public : je crie ma passion pour cette œuvre, je crie ma peine en refermant ce dernier tome…  
Jamais plus au grand jamais, je ne ressentirai cette joie de découvrir une histoire inédite de nos héros capés, armés d’épées, de crocs ou de … quenottes !

Pour en savoir plus :
Je ne peux que vous enjoindre à (re)découvrir l’ultime hommage de la profession pour ce dernier acte >> ici <<

Milan Morales

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