ANDRE TAYMANS ET CAROLINE BALDWIN: de la BD à la réalité

taymans

Quelle surprise de rencontrer André Taymans entouré de Caroline Baldwin et de Tintin « en vrais » ! L’actrice et chanteuse Cendrine K et Jean-Pierre « Tintin » Talbot encadrent un auteur qui fête la quinzième aventure de son héroïne Caroline Baldwin en quinze ans. Un anniversaire, une exposition, une chanson, un clip et pourquoi pas, bientôt un long-métrage ! J’ai trouvé inutile de demander à André Taymans s’il était aux anges !!!



Shesivan : 15 ans et 15 Caroline Baldwin, ça fait un bail, non ?
André Taymans : Le temps passe vite !

Shesivan : Et il y a 15 ans vous auriez pensé en arriver là ?
André Taymans : Jamais, jamais ! Moon River, le premier album était un one shot et je n’avais que l’ambition de faire un seul album. Casterman m’a alors fait savoir qu’ils voulaient une série, mais, comme mon personnage principal mourrait à la fin et que c’était plutôt compliqué de faire une série avec un astronaute mort, l’éditeur de l’époque m’a dit que dans mon synopsis il était question d’une détective. Il m’a donc demandé de développer ce personnage pour en faire une série. Caroline Baldwin est donc née par le plus grand des hasards !

Shesivan : L’éditeur pensait sans doute qu’il s’agissait d’un créneau à combler, un détective féminin…
André Taymans : Il y avait très peu de séries à suivre Chez Casterman à ce moment-là, des one shots dans A Suivre et des BD jeunesses, mais au milieu de cela pas grand-chose à part Jim Cutlass, Canardo, Adèle Blanc-sec… L’éditeur voulait étoffer ce créneau de séries et mon scénario venait juste à point pour boucher un trou dans son catalogue…

Shesivan : Vous êtres un grand amateur de polar ?
André Taymans : Oui j’aime bien le polar, oui...

Shesivan : Vous l’avez beaucoup utilisé dans toutes vos séries ?
André Taymans : Effectivement, j’aime bien le polar, mais je ne suis pas particulièrement branché sur ce genre. J’apprécie aussi le thriller, le roman psychologique, j’aime bien la lecture en général…

Shesivan : La particularité de Caroline Baldwin est que vous avez très fort développé sa psychologie, qui intervient beaucoup dans les histoires, la rendant plus attachante ?
André Taymans : C’est ce qui m’intéresse toujours le plus dans mon boulot, c’est de développer un personnage sur la durée, afin que le lecteur s’attache à lui en se demandant ce qui va lui arriver… Le côté psychologique du personnage m’a toujours intéressé et je lui ai laissé une grande place depuis le début dans mes albums. Dans les premiers qui faisaient 64 pages - aujourd’hui pour des raisons commerciales on a été obligé de revenir à 46 pages - sur les 64 pages, je comptais environ 20 pages pour développer le côté psychologique et 40 pages pour développer l’action pure. Cela faisait un mélange qui me plaisait bien.  64 pages étaient pour moi la longueur idéale pour une aventure de Caroline. Maintenant je dois choisir, soit je fais une intrigue plus basée sur le psychologique, soit basée sur l’action parce que je n’ai pas assez de place. Alors, je suis obligé de faire un album en deux volumes comme c’est le cas de celui-ci « Le cri de la chouette ».



Shesivan : Caroline Baldwin voyage beaucoup dans ses aventures, vous avez aussi voyagé beaucoup ?
André Taymans : Oui !

Shesivan : Vous lui transmettez votre expérience, votre goût du voyage ?
André Taymans : Je précède Caroline partout où elle a été et donc j’aime bien aller sur place avant de dessiner quelque chose, m’imprégner de l’ambiance, j’aime bien dessiner des choses exactes… Ce qui me fait plaisir en dédicace c’est que quelqu’un me dise qu’il est allé à Cuba - comme dans la « Dernière danse » - et qu’il a suivi tout le parcours de Caroline, cela me fait plaisir. Les gens se mettent dans la BD ! En plus c’est joindre l’utile à l’agréable, les voyages m’amusent…

Shesivan : Comment décidez-vous où l’action va se passer ?
André Taymans : En fonction de l’histoire. Je n’ai qu’un album d’avance sur le lecteur. Je sais ce qui va se passer dans le suivant mais après je ne sais pas. J’ai un grand tiroir dans mon bureau et dés que j’ai une idée je l’écris sur un papier et je le tape dedans. Quand j’ai besoin d’un scénario, je vide le tiroir et je relis les idées, je regarde celles qui peuvent se mettre entre elles et puis d’autres idées viennent se greffer. Petit à petit l’histoire se construit,  c’est un puzzle géant qui se met en place.

Shesivan : Caroline Baldwin évolue puisqu’elle devient un personnage réel ?
André Taymans : Ce n’était pas du tout prévu ! En fait c’est le hasard qui fait bien les choses… Il y a un groupe de rock belge qui s’appelle « Feel the Noïzze » dont je connais très bien le guitariste, puisqu’il s’agit d’Erwin Drèze, avec lequel je travaille sur Lefrancq et qui a fait les décors de New York dans la dernière aventure de Caroline Baldwin. Il m’a un jour demandé si le groupe pouvait écrire une chanson qui s’appellerait Caroline Baldwin, un peu comme Indochine pour Bob Morane. Ils ont donc écrire la chanson, laquelle a eut du succès dans les concerts. Ils ont été signés par une boîte de disque pour faire un premier album et la maison a décidé de faire un clip. C’est la chanson Caroline Baldwin qui a été choisie. On m’a demandé mon avis et comment je voyais les choses. Je me suis dis que c’était le moment où jamais et j’ai demandé qu’on fasse un clip en live, qu’on trouve une actrice qui ressemble à Caroline Baldwin afin de faire une fausse bande annonce d’un film qui ne verrait jamais le jour.
Voilà comment l’aventure a démarré. J’ai rencontré le réalisateur, il y a eut un casting où 80 filles se sont présentées. Le réalisateur en a sélectionné 25 et finalement c’est Cendrine qui a été choisie. Je suis tombé dans le coma, il a fallut trois heures pour me ranimer…
Comme il avait été décidé de baser l’action du clip sur la première aventure de Caroline Baldwin intitulée Moon River - l’histoire avec l’astronaute - on s’est demandé qui allait jouer ce rôle-là ? Qui avait été sur la lune à part les américains ? Tintin ! Et qui est Tintin : Jean-Pierre Talbot !



Shesivan : Jean-Pierre Talbot, vous voilà donc embarqué pour jouer un astronaute mort ?
Jean-Pierre Talbot : Il m’a eu ! On s’est rencontré la première fois dans un salon BD au Québec. Il m’a dit : « Jean-Pierre, tu vas me faire plaisir », que j’étais la guest star, un rôle digne de Tintin, une poursuite en Ferrari, une Audi Quattro, que cela se passerait à Redu (au Space Center) que je serais en combinaison et casque et tout ça. J’arrive sur place et le metteur en scène me dit que je suis un astronaute déprimé et nostalgique !
André Taymans : Mais il y avait une Ferrari une Audi Quattro, une combinaison mais il n’a pas pu y toucher parce qu’il casse tout ce qu’il touche !

Shesivan : Cendrine, quelle est votre impression d’être devenue une héroïne de BD ?
Cendrine K : C’est un tournage assez extraordinaire parce que je rencontrais le dessinateur ! Le créateur de la série qui est toujours resté à mes côtés. C’était important car il jetait un regard bienveillant sur mon travail, étant donné que le réalisateur n’avait pas toujours le temps de me donner des conseils. André est toujours resté près de moi et puis la rencontre avec Jean-Pierre Talbot… Extraordinaire ! Incarner cette héroïne qui est un personnage tellement fort, pour une comédienne c’est génial !



Shesivan : Vous espérez le film ?
Cendrine K : Non, je n’ai pas envie que cela se fasse ! Mais bien sûr !!! Ce serait l’aboutissement d’une aventure extraordinaire pour moi. Rendez-vous compte ; je passe un casting pour un clip, je ne connais pas du tout la BD et cela prend une proportion extraordinaire pour moi, mais aussi pour la reconnaissance du personnage, d’André et sa passion...

Shesivan : 15 albums en 15 ans vous êtes réglé comme un métronome ?
André Taymans : Non, cela a été un hasard… Au début je travaillais beaucoup, un album et demi par an et puis il y a eu des années où j’étais pris par d’autres projets. Pour les 15 ans cela s’est équilibré à quinze albums. Il faut dire qu’avec Caroline Baldwin et la perspective du film, mon temps est bien rempli !



Ultimes précisions : la chanson "Caroline Baldwin" a été créée par le groupe Feel the Noïzze et le morceau est repris par Cendrine K, chanteuse du groupe Iris. Quant à Feel the Noïzze, il sortira bientôt un CD intitulé « Planète Interdite »
L’exposition « Caroline Baldwin, le cri de la chouette » se déroule au CBBD du 13 septembre au 6 novembre.
André Taymans sera bientôt en dédicace avec Erwin Drèze et Cendrine K.

Lien vers le clip : http://andre.taymans.over-blog.com/article-caroline-baldwin-le-clip-72217244.html

Identification (2)