BAUDOUIN DE VILLE, RIDER ON THE SEVENTIES

Baudouin De Ville, c’est l’histoire d’un come back réussi. Le dessinateur réapparait sur la scène BD quelque trente ans après une trilogie qui aurait dû faire un tabac mais qui s’effondra come un soufflé mal cuit à cause d’un éditeur en faillite. Pourtant, l’Inconnu de la Tamise contenait tous les ingrédients d’un succès : de l’exotisme, de l’aventure, du suspens et un soupçon de fantastique, mélange de XIII, Tintin et Blake et Mortimer. Mais Bédéscope finit dans les bacs à soldes et Baudouin, après un sursaut chez Dargaud, se tourne vers le graphisme et design publicitaire, avec succès. En homme avisé, il a plus d’une corde à son arc !

Mais hormis la BD, l’homme est aussi un fada de moto et il le prouvera en inaugurant la collection Carénage de Paquet avec Continental Circus et en devenant son directeur de collection. Fin 2012 paraît Rider on the Storm ou Bruxelles à la fin des seventies, entre terrorismes et grondement de pots d’échappement de motos :

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J’avais envie de faire une fiction dans Bruxelles, une ville que j’apprécie de par son design si particulier et son côté bouillonnant. J’ai situé l’action dans les années 70 ; l’émergence du terrorisme, les attentats, la déstabilisation du pouvoir en place, une période sombre qui fait qu’on ne sait pas vers où on va.

Le terrorisme est un des thèmes du tome deux qui sortira en 2013, le policier borderline du tome 1 ayant des accointances avec l’extrême-droite, qui se prépare à commettre un attentat en Belgique.
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Gaspard Sarini, le personnage principal est un gars de vingt ans qui a envie de faire de la moto, contre l’avis de sa famille argentée qui le verrait plutôt succéder au poste de directeur de papa. Pourquoi a-t-on éliminé ses parents ? La réponse dans le tome 2.

Je suis moi-même fan des motos présentes dans la BD, Yamaha, Suzuki… avant que les normes anti pollution ne mettent fin au règne de la moto deux-temps. En cette période, il y avait beaucoup de champions belges en motocross !

Les années 70 sont une période nouvelle, on laisse derrière soi les anglaises monocylindres, les Japonais débarquent avec la Honda, un modèle révolutionnaire, qui va faire un tabac, c’est l’abandon d’une technologie polluante. Toutes les japonaises sont mythiques parce que bien conçues, une belle ligne, très recherchée.

Gero est un jeune scénariste, en fait c’est mon fils. Dés le départ, j’ai été clair avec l’éditeur, il n’a jamais su que c’était mon fils, je ne voulais pas qu’il soit emmerdé avec ça. Il avait envie de faire un scénario et j’en cherchais, je lui ai donc imposé l’époque et la relation avec la collection Carénage.

J’étais déjà directeur de collection, mais j’ai envoyé le projet à un autre éditeur qui l’a accepté.

Bruxelles s’imposait comme décor : une ville très cosmopolite, au croisement de cultures et de gens de toutes obédiences, j’ai fait pas mal de recherches dans les cafés afin de retrouver cette époque. Il me fallait des illustrations, des ambiances. Il y a ce café, le Volle Gaz, qui n’a pas bougé dans le temps…

Je suis collectionneur de motos, j’ai racheté une vieille Kawasaki. Elle est très bruyante, mais  déjà prévue pour l’essence sans plomb. Les Japonais avaient anticipé ce genre de normes de pollution. Elle est visuellement très belle, avec beaucoup de chromes.

Naturellement, je n’ai pas pu m’empêcher de la dessiner dans le tome 2, avec des Ducati.

L’histoire se déroulera en trois tomes, avec une suite si tout va bien. C’est une période historiquement très intéressante, très trouble, qu’aucun auteur de BD a vraiment exploité…

Oui j’adore dessiner des motos mais c’est beaucoup de travail à cause du bloc moteur. Heureusement que je ne dois pas en dessiner à toutes les cases ! Je dois bien être le seul à aimer dessiner des motos, beaucoup préfèrent les voitures, plus simples à illustrer. J’essaye de m’améliorer dans la reproduction. Je mets beaucoup de mouvement pour montrer la vélocité, donner un sentiment de vitesse… C’est important sinon une telle série serait statique !

En tant que directeur de la collection Carénage, je suis très content… Paquet vient de dénicher une perle rare, un dessinateur uruguayen du nom de Daniel Gonzalez qui va sortir un album intitulé ‘Double Deux’ sur un scénario de Pascal Davos, récit en 4 parties : les années 30, la guerre 40-45, les années 70 et la fin en 2013.

Nous avons également signé Laurent Astier et Xavier Betaucourt pour une série contemporaine sur les gangs de motos. Continental Circus aura une suite mais je ne la dessinerai pas.

Cette série a très bien marché, puisqu’elle est non seulement vendue en librairie mais aussi vendue dans les magasins de motos, les concentrations…

Il y aura un gros article au sujet de Rider on the Storm dans Moto Magazine, car ils ont aimé le côté années 70, le côté réaliste. C’est rare, le côté réaliste pour dessiner des histoires de motos. Rider est un album qui dure dans le temps, il a été très apprécié. Aussi parce que cette Belgique des années 70 est évoquée, chose dont personne n’a parlé.

Ce titre fait évidemment référence à la chanson des Doors, mais sans le ‘S’ (histoire de ne pas avoir de problèmes de droits d’auteurs). La chanson est d’époque et c’est aussi une référence au personnage principal, Gaspart Sarini, un pilote prit dans la tourmente. Je dois ce titre à Gero, qui a flashé dessus !

Baudouin De Ville et Gero : Rider on the Storm 1 : Bruxelles - collection Carénages - Paquet

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