BIG K, de la réalité à la BD

Imaginez le New York des années 70, ses rues dégueulasses, certains quartiers où il ne faut même pas rêver de mettre un pied une fois la nuit tombée, l’insécurité dans toute sa splendeur, les bandes de blacks, maffieux, les bagnoles sur leurs jantes qui crament, les flics corrompus… C’est l’ambiance que rendent à merveille Nicolas Duchêne et Ptoma Martial avec leur série Big K, du nom d’un tueur, lequel est inspiré d’un personnage réel, un tueur en série allié à la Maffia qui fit plus de 200 victimes : Richard Kuklinski…

Même si c’est aussi Casterman, nous sommes loin du Tueur de Matz et Jacamon, qui lui aborde tout le côté existentiel du personnage principal. Il réfléchit beaucoup, agit de moins en moins…

Big K, lui, agit, un peu trop même, puisqu’il a commis une grosse bourde dans le tome un et va être chargé de la réparer et cela uniquement parce que ses boss ont compris son potentiel destructeur sinon il aurait déjà fait un plongeon dans l’Hudson, avec des godasses en ciment…

Dans ce deuxième opus, Big K va être confronté à son contraire, un fort en gueule qui voudrait lui faire de l’ombre. Et Big K n’aime pas qu’on lui fasse de l’ombre. Ca l’énerve, alors il se laisse aller, même avec sa famille qui est sacrée. Sa femme dit un mot de travers et il lui colle une baffe. Tout cela fait ressurgir son passé difficile. Car c’est depuis sa petite enfance que tout à été mis en place pour qu’il devienne ce qu’il est devenu, un personnage froid et calculateur, qui n’a peur de rien et regarde la mort dans le fond des yeux. Son seul tabou : sa femme et ses enfants. Mais K n’est qu’un petit rouage dans la grosse machine à fric qu’est la mafia, alors il obéit quand on lui donne un ordre, même si c’est contre son goût. Le voilà qui doit balayer un grain de poussière qui grippe la belle machine malhonnête, le frère d’un comptable qui le perturbe et qui finit par pomper dans la caisse. Mais voilà que… N’allons pas trop loin, ménageons le suspens. Pour leur deuxième opus de la trilogie, Duchêne et Ptoma voguent du côté du Parrain II, le film de Coppola qui revient sur le passé des mafieux pour expliquer le comment du pourquoi et apporter une profondeur, un background au personnage. Certes pas pour excuser son comportement, puisqu’il s’agit ici bel et bien d’un assassin, d’un homme plus proche de l’animal que la plupart d’entre nous mais comme il n’est pas pareil à nous, c’est un objet de curiosité, il exerce sa fascination…

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Dés le départ K est dans un milieu où il aura du mal a s’en sortir, il n’a pas une vie rose, son adolescence commence très mal, les tomes 1 et 2 cadrent le personnage et clôture un premier cycle. Dans ce deuxième tome un autre personnage est mis en avant, un autre caractère, plus volubile, plus démonstratif, tout son contraire.

K a un côté très rangé, tout comme Richard Kuklinski, le personnage dont on s’est inspiré. Il a aussi tué à l’âge de 13-14 ans. Il a compris que par l’acte de tuer, il gagnait un certain respect. C’était sa logique d’agir et il a appliqué cela jusqu’à la fin de sa vie. D’ailleurs, dans les documentaires que nous avons visionnés, les éléments déclencheurs de son côté tueur en série sont évidents mais lui-même n’arrive pas à capter car il n’a pas d’empathie pour lui-même, sauf pour ses gosses et sa femme, l’image de pureté, pureté qui lui a été volée. Il a un côté très calculateur, manipulateur, il est asocial, ne connait pas la peur, il aurait pu être quelqu’un d’incroyablement bon mais vu le contexte dans lequel il a grandi cela a donné un tueur de sang froid. La police a été intelligente, elle l’a chopé chez lui, il n’y a pas eu de violence car il a eu peur pour sa famille… Avec le trafic de drogue, Kuklinski a commencé à se relâcher et à commettre des erreurs. Il avait l’habitude de congeler ses victimes et de les balancerdans la nature quelques mois plus tard afin que la police ne puisse déterminer quand la personne était morte. Devenu approximatif, il a fait une erreur et un joggeur a retrouvé un cadavre à moitié congelé dans une forêt. La police en a tiré ses conclusions. Comme il travaillait avec la Mafia qui était surveillée, la police s’est intéressée à Big K et elle a finit par comprendre que c’était un tueur au service de la Mafia. Il a tué plus de 200 victimes.

La génétique crée un tueur mais il y a aussi le contexte social et c’est un mélange des deux en K.

A la fin du tome deux nous abordons la Colombie… Medellin se met en place en 75 et en 80, c’est l’âge d’or de la cocaïne aux USA. Dans les années 70 c’était l’héroïne et la Turquie. C’était un deal qui était laissé aux blacks parce que les blancs ne voulaient pas se salir les mains, mais quand ils se sont rendus compte du pognon qu’il y avait à prendre, ces nouvelles générations mafieuses ont eu moins de scrupules que les anciennes familles, car tout ce qu’ils voulaient, c’était se faire du pognon. Les familles les moins riches comme celle du New Jersey étaient plus enclines à faire dans la drogue et K travaille pour la mafia qui veut se faire de l’argent avec de la drogue. Cette mafia n’a aucun sens de la famille, malgré ce qu’on vous fait croire dans les séries télés comme les Sopranos, par exemple… ils tueraient père et mère sans problème.

Nous avons eu de bons échos pour le tome un. Dés le départ, le travail de coloriage a été confié à Tanja Cinna, qui a fait un super boulot, a créé des belles ambiances glauques à souhait sur les crayonnés de Nicolas…

Avec ce tome – ci, nous sommes la BD du mois dans le Parisien. Chaque mois, ils élisent la BD du mois et en fin d’année les lecteurs décideront quelles sera la BD de l’année. Nous espérons faire quelques festivals de polar, des festivals qui auparavant étaient plus axés sur les romans. Avec le temps s’est rajouté la BD. Les gens viennent plus pour la BD que le roman, ils reçoivent de belles dédicaces, car nous avons le côté attractif et très visuel.

Pour le rendu de New York des années 70, nous avons toute la documentation visuellle nécessaire grâce au film French connection, qui est véritablement une visite guidée de la métropole des seventies. New York aujourd’hui est méconnaissable, Manhattan est devenu aussi nickel que la Suisse. Depuis Jiuliani et la tolérance zéro, tout est clean…

Les villes deviennent internationales et perdent leur âme...

 

Le blog de Ptoma : http://ptomamartial.blogspot.be/

le teaser de Big K 1 : http://www.youtube.com/watch?v=VxaR6SdLrbk

Première partie d’une interview du vrai big K : http://www.dailymotion.com/video/xfl87a_confessions-d-un-tueur-de-la-mafia-iceman-kuklinski-1_webcam

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