VICTOR HUGO : Aux frontières de l’exil par Esther Gil et Laurent Paturaud

VICTOR HUGO : Aux frontières de l’exil par Esther Gil et Laurent Paturaud

(Daniel Maghen éditeur - 2013)
 

A nouveau un bien bel ouvrage que nous propose l’éditeur et galeriste Daniel Maghen, un biopic consacré au plus grand des écrivain français, aussi connu pour ses romans que pour ses poèmes, pour son talent d’illustrateur que pour sa grande gueule qui le mènera plus d’une fois à choisir l’exil pour sauver sa peau.

Si c’est le premier ouvrage d’Esther Gil, c’est le troisième de son jules, Laurent Paturaud qui a déjà réalisé Les Passants du Clair de Lune chez Glénat en 2004 et Succubes tome 1 : Camilla pour Soleil en 2009. Laurent prend donc son temps entre chaque ouvrage et il a bien raison car il nous offre un graphisme de qualité, également mis en avant par le cahier graphique présenté en fin d’ouvrage.

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L’action du récit se situe en 1853. Nous sommes au début du second empire. Victor Hugo est alors en exil sur l’île de Jersey. Passionné de spiritisme, le poète assiste régulièrement à des séances de tables tournantes jusqu’au jour où le fantôme de sa fille, Léopoldine, morte tragiquement noyée dix ans auparavant lui apparaît. Dès lors, le poète est hanté par des visions nocturnes lui intimant de faire la lumière sur le drame qui a coûté la vie à la jeune femme. Accident ou meurtre ? Pour découvrir la vérité, Victor Hugo sort de son exil et se lance dans une enquête qui le mènera jusque dans les mystères du ventre de Paris. Là, au péril de sa vie, il découvrira un univers peuplé d’âmes sombres, qui lui inspireront la formidable épopée humaine des Misérables.

 

Laurent Paturaud évoque son ouvrage :

Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours dessiné, avec des résultats plus ou moins probants mais toujours avec envie et plaisir. Vers l’âge de 9 ou 10 ans, j’ai réalisé mes premières bandes dessinées. Il s’agissait de petits formats ; toutes les cases étaient de taille identique et les dessins à l’intérieur ne représentaient que des personnages très simplifiés sans aucun détail ni décors… J’ai su très tôt que je voulais dessiner dans le but de raconter des histoires. Dans la bande dessinée, c’est l’aspect narratif qui a toujours été pour moi le plus important.

Adolescent, après avoir découvert des séries comme La Quête de l’Oiseau du Temps de Le tendre et Loisel, Thorgalde Rosinski et Van Hamme, ou des séries historiques comme Les 7 vies de l’épervier de Cothias et Juillard, Sambre de Yslaire, ou encore Les Passagers du Vents et Les Compagnons du Crépuscule de Bourgeon, ça a été une véritable révélation pour moi.  La lecture de tout ces albums m’a donné l’envie de me glisser dans le sillage de ses auteurs qui me faisaient tant rêver.

Pendant une dizaine d’années, en alternant stages et divers travaux de graphiste, je continuais de développer  de nombreux projets de bandes dessinées  avec des scénaristes amateurs, mais aucun ne s’est concrétisé.

A l’occasion du passage à l’an 2000, les éditions Glénat ont organisé le concours Bdécouverte et j’ai décidé d’y participer en réalisant quatre planches couleurs en collaboration avec des amis scénaristes amateurs. Notre travail a obtenu le quatrième prix et même si cela ne nous a pas permis de signer un contrat pour ce projet, cela a été déterminant et m’a permis de présenter un véritable « book » aux auteurs et éditeurs. J’ai donc décidé de fréquenter assidûment les salons BD organisés à travers la France afin de rencontrer les professionnels de la bande dessinée.

C’est au printemps 2001 lors du festival BD organisé à Paris par les éditions Delcourt que j’ai fait la rencontre du scénariste Thomas Mosdi. Rencontre qui fut décisive, car non seulement Thomas a véritablement apprécié mes travaux, mais il avait plusieurs projets de scénarios pour lesquels il cherchait des dessinateurs. Celui se déroulant au 16ème siècle à Venise a eu ma préférence. Il s’agissait des Passants du Clair de Lune :  ma première série de bande dessinée dont le premier tome est paru en 2003.

J’ai ensuite participé au Collectif Les contes de l’Ankou aux éditions Soleil et réalisé le premier tome de la série Succubes également paru aux éditions Soleil.

L’album Victor Hugo aux frontières de l’exil réalisé en collaboration avec la scénariste Esther Gil a été signé aux éditions Daniel Maghen en 2009.

La scénariste Esther Gil est également ma compagne. Lorsqu’elle a eu l’idée de ce projet, je n’étais pas destiné à le dessiner initialement, mais lorsque j’ai découvert plus précisément le contenu de son récit, j’avoue avoir été totalement séduit par cette histoire qui nous projette dans une époque très riche en personnalités et évènements. On y découvre de nombreux contemporains de Victor Hugo comme l’Empereur Napoléon III, le Baron Haussmann ou encore Vidocq qui, bien qu’âgé de plus de 70 ans à l’époque, joue un rôle primordial… Ceux qui connaissent l’œuvre et la vie de Hugo vont retrouver de nombreuses références historiques…

Esther Gil et moi nous sommes rendus sur différents sites où se situe l’histoire, notamment à Villequier, petite ville situé sur les bord de la Seine, près de Rouen, où Léopoldine, l’aînée des filles de Victor Hugo, est morte noyée en 1843.

Comme la photographie existait à l ‘époque de notre récit et que Victor Hugo était passionné par cette nouvelle technique, lui et ses proches, durant leur exil à Jersey puis à Guernersey, ont réalisé un grand nombre de portraits photographiques. C’est donc une source documentaire très importante que j’ai amassée depuis le début de la création cet album.

La documentation joue même un rôle essentiel dans mon processus créatif. En effet, avant même de réfléchir à une mise en scène, je recherche tout ce qui pourrait m’être utile à la réalisation d’une séquence ou même de l’album en entier : costumes, décors, etc…

J’essaie de rassembler le maximum de documents visuels (films, bandes dessinées, photographies, peintures, gravures, illustrations) pour chaque scène et chaque lieu que je vais représenter.

Le moment où je choisis un élément pour un décor ou un costume est vraiment captivant.

En m’immergeant de cette manière dans les époques passées je découvre une partie de leurs mystères au travers d’anecdotes singulières, de détails étonnants …

La réalisation de cet album a nécessité 4 années de travail passionnant.

D’autres projets ? Il est encore trop tôt pour en parler, mais je planche sur un projet dont l’ambiance et les personnages seront sombres et romantiques à souhait… Depuis les 10 années que je fais ce métier, mon enthousiasme ne s’est pas émoussé, même si parfois l’envie de découvrir d’autres horizons graphiques (la peinture par exemple) se fait sentir. Mais tant que j’aurais du plaisir à dessiner des personnages vivant des aventures passionnantes et à rencontrer les lecteurs de mes albums, je continuerai à faire de la bande dessinée.


Un certain nombre de mes réalisations sont présentées sur mon site personnel :

http://www.paturaud.com/

Ainsi que mon Blog :

http://paturaud.blogspot.fr/

et également sur ma page Facebook :

https://www.facebook.com/pages/Laurent-Paturaud-page-officielle/266927913362926

 interview Jean-Jacques Procureur, la mise en page et la chronique est de Shesivan

 

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