Les mauvaises herbes
Dessinateur : Keum Suk Gendry-Kim
Scénariste : Keum Suk Gendry-Kim
Editeur: Delcourt
C’est un fameux témoignage que reprend ce livre et le fait qu’il soit scénarisé et dessiné par une femme ne fait que renforcer cette proximité avec le vécu de la victime. Par sa réalité crue, on ne peut qu’être choqué par la manière abjecte et inhumaine dont a été traitée Oksun, cette fille devenue femme malgré elle… Certaines sociétés ont fait preuve de beaucoup d’inhumanité pendant la guerre 40-45 mais ici on est proche d’un traitement nazi sur les juifs.
Keum Suyk Gendry-Kim a le mérite de mettre en évidence cette horreur en la dévoilant tout en nuances, sans montrer trop de détails sur les faits eux-mêmes mais en mettant l’accent sur le vécu de cette réalité par les femmes qui la vivaient.
La dimension de cette histoire est encore plus interpellante si on l’a met dans sa dimension plus globale ? Combien de femmes sont encore violées ce jour par des soldats comme cela a été le cas de bien d’autres conflits (guerre de Corée, du Viêtnam,…) ? Quand donc les hommes (et la société) vont-ils arrêter de se comporter comme des animaux ? Les viols au Nord-Kivu attestent qu’on est loin du compte… Le traitement infligé aux migrants ne doit pas être si éloigné parfois de cela non plus…
Les mauvaises herbes est encore un livre fondamental pour nous rappeler les atrocités dont notre genre humain est capable, le fait de le dessiner en noir et blanc évite d’être confronté au sang rouge de ces femmes déchirées dans leur chair et leur âme. Cet album se lit très vite malgré ses 476 pages, il est complété par un texte décrivant le contexte historique et la réalité de l’époque. L’auteur explique également sa démarche et sa rencontrée avec Lee Oksun.