Blood Crawling Princess
Dessinateur : Yuki Azuma
Scénariste : Yuki Azuma
Editeur: Kurokawa
Dans l’obscurité d’un royaume oublié, la lumière s’éteint brutalement pour la princesse Evita. Son monde, autrefois baigné de douceur et d’innocence, s’effondre sous la violence d’une invasion sanglante.
Les cris, la fumée, le fer : tout ce qu’elle aimait est arraché, consumé par la haine et la trahison. Seule survivante d’un massacre, Evita n’est plus qu’une ombre, brisée, traînée loin de ses terres pour être vendue comme une vulgaire marchandise.
Dans la moiteur suffocante de San Missa, ville entièrement dédiée à la prostitution, elle renaît sous le nom de Priscilla, condamnée à l’humiliation et à la douleur.
Chaque nuit, l’espoir s’effrite un peu plus, remplacé par une résignation glacée. Les murs suintent la peur, la honte, et la folie rôde dans chaque recoin.
Mais derrière ses yeux éteints, une flamme vacille encore, fragile, prête à s’embraser.
Ce récit d’une noirceur rare, tissé par Yuki Azuma, m’évoque par instants l’essence de séries seinen cultes comme Claymore ou Vinland Saga (dans sa 1ère partie).
Comme dans Claymore, on retrouve cette héroïne solitaire, broyée par la fatalité, confrontée à la monstruosité humaine et à la transformation de son propre être, dans un monde où la survie se paie au prix fort et où chaque cicatrice devient une arme.
L’atmosphère y est tout aussi oppressante, la violence omniprésente, et la frontière entre l’humain et le monstre se brouille, plongeant le lecteur dans une réflexion sur la perte de soi et la nécessité de résister à l’abîme.
À l’image de Vinland Saga, Blood Crawling Princess explore la chute et la lente reconstruction d’un être brisé, l’esclavage et la perte d’innocence, la quête d’un sens au milieu de la barbarie. On y retrouve la même intensité dramatique, la même plongée dans les ténèbres de la condition humaine, et cette capacité à faire naître, au cœur du désespoir, un souffle de révolte ou de rédemption.
La grande question est cependant sur le futur de la série : est-ce que l’auteur fera évoluer la psychologie de son héroïne comme le fier guerrier Thorfinn en l’amenant sur une voie divergente à sa vengeance ?
Trop tôt pour le dire évidemment, mais on peut y rêver un instant.
Les planches, d’un noir et blanc tranchant, sculptent la détresse sur chaque visage, capturant la violence brute et la lente agonie de l’innocence. Ce manga ne fait aucune concession : la violence, physique et psychologique, s’impose sans fard, et la lenteur du récit ajoute au malaise, étirant la tension jusqu’à l’insupportable. Pourtant, au cœur de cette nuit sans fin, une révolte gronde. Peut-être, dans la fange et la douleur, Evita trouvera-t-elle la force de se relever, d’arracher à ses bourreaux la justice ou la vengeance.
Blood Crawling Princess est une descente aux enfers, un cri silencieux dans l’obscurité, réservé à ceux qui ont le courage d’affronter la laideur du monde et la beauté tragique de l’âme humaine brisée.
Comme Claymore et Vinland Saga, cette nouvelle série risque de laisser une empreinte indélébile, celle d’une lutte désespérée pour survivre, comprendre et, peut-être, renaître ! A suivre de très très près donc, mais pas un public averti !
Milan Morales