TIBET, l'espoir dans l'exil par V. Jannot et Ph. Goglowski, l'interview

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En compagnie du dessinateur Philippe Goglowski, l’actrice Véronique Jannot a choisi la bande dessinée pour illustrer l’aventure qu’elle a vécu il y a cinq ans, la rencontre avec une jeune réfugiée tibétaine nommée Migmar, ainsi que le récit de son périple qui n’a pas été sans danger. En effet, alors qu’elle était encore haute comme trois pommes, Migmar a quitté le Tibet, son pays natal aux mains des chinois pour gagner l’Inde où un camp de réfugiés a été monté, doté d’une infrastructure visant à rassembler et d’éduquer de jeunes tibétains, désireux de garder les racines de leurs origines. Fondatrice de Graines d’Avenir, Véronique Jannot veille sur cette association qui s’occupe d’aider les enfants tibétains en exil.

 

Histoire classique avec un scénario se concentrant essentiellement sur le voyage de la jeune tibétaine et sa rencontre avec l’actrice, évitant soigneusement tout sujet pouvant entraîner des polémiques, car nul n’est sans ignorer la situation du Tibet occupé par la Chine. Les profits de la vente de la BD seront intégralement reversés à la fondation.


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Philippe Goglowski : Je travaillais sur l’album « Les Invalides » aux éditions du Signe, un sujet tout à fait dans mes habitudes
lorsque mon éditeur m’a téléphoné. Il m’a demandé si cela me bottait de travailler avec Véronique Jannot, il m’a expliqué le topo et comme je n’aime pas les grands pays puissants qui annexent un petit pays, j’ai accepté. Je me suis que cela devait être intéressant aussi d’avoir une collaboration avec une personne aussi médiatique.

La première fois, nous nous sommes rencontrés et sommes restés cinq heures à parler. Etant très instinctive, elle voulait sentir si cela allait coller entre nous. Elle m’a raconté son projet. Je craignais qu’elle me donne un texte courant puisqu’elle
n’avait fait de scénario BD en me disant de me débrouiller, qu’on se verrait pour la promo mais cela n’a pas été le cas. Ce fut un travail de collaboration du premier au dernier jour. Elle comprenait vite, car venant du cinéma elle connaissait certaines ficelles qui sont communes avec la BD. Plus j’entrais dans le sujet plus je maîtrisais. Elle m’a fourni toutes ses photos, surtout celle de Migmar à partir de sa rencontre alors qu’elle avait treize ans. J’ai dû la rajeunir puisque l’histoire se passait cinq ans plus tôt. Par contre l’aspect le plus difficile était l’image de Véronique Jannot, un visage très connu, pas facile à dessiner. C’est plus difficile de dessiner une belle femme que les moches militaires que j’ai l’habitude de croquer. Non, je ne l’ai pas croqué sur le vif, j’ai fait des photos d’elle et quand je recherchais une expression que jen’avais pas elle répondait chaque fois à mes appels car malgré une actualitétrès chargée, elle était très disponible. Néanmoins nous avions des impératifs de temps et cela crée une certaine intensité, car il faut se concentrer sur son travail. J’aime dessiner la nature quelle qu’elle soit, ici des grands paysages qui m’inspiraient beaucoup. Graphiquement le Tibet est un bel univers, très coloré avec ses fêtes, ses chevaux, j’aurais voulu dessiner plus, c’est un sujet vraiment passionnant. Beaucoup de gens nous demandent comment cette
relation entre Migmar et Véronique va évoluer, va-t-elle devenir sa fille ? Il y a encore beaucoup de choses qu’on aimerait raconter, Véronique découvre le monde de la BD et cela lui plaît beaucoup !

Véronique Jannot : Je voulais vraiment parler de ce sujet et lorsque j’ai rencontré l’éditeur des éditions du Signe, il m’a présenté Philippe et on a tout de suite sympathisé. J’avais déjà écrit le scénario, non pas pour faire un roman car je l’avais pensé en BD. Philippe me faisait le découpage qu’il me soumettait à chaque fois, c’est quelqu’un d’aussi perfectionniste que
moi. Un vrai travail de collaboration, très sympathique et avec l’envie de faire au mieux. J’y ai complètement retrouvé l‘aventure que j’ai vécue, j’ai très bien ressenti l’espace dans tout ce qui traitait du Tibet, remarquablement illustré par Philippe, j’admire aussi la couleur de Leonardo, ses intensités qui font qu’on ressent le cristal de l’air. J’ai vu assez de choses du Tibet sans y aller pour ressentir cela. Il y a quinze jours j’ai donné la BD à Migmar, elle a adoré mais est frustrée car elle ne comprend pas le français. Officiellement, elle n’a pas encore 14 ans mais officieusement elle n’est pas loin de 17 ans. Elle a finit par me lâcher le morceau ! Je me suis rendue compte que pleins d’enfants tibétains font cela, car lorsqu’ils traversent l’Himilaya ils ont tellement peur de ne pas pouvoir attaquer le cursus éducatif depuis le début qu’ils mentent sur leur âge. Je n’ai jamais pu avoir d’enfants et Migmar n’a jamais connu ses parents et j’apprends pleins de choses, avec ces gens qui deviennent mes amis, j’approfondis mes relations…
Je m’occupe d’une association qui s’appelle « Graines d’avenir » dont le but est de parrainer les enfants tibétains, il y en a 440 aujourd’hui. Aussi pour aider des monastères, qui ne sont pas seulement à vocation religieuse mais aussi éducative avant tout. Les enfants y apprennent l’anglais, le tibétain, suivent un
programme scolaire et l’enseignement bouddhiste. Ces écoles faites pour les Tibétains se trouvent en Inde et au Népal. Mais parmi les profs il y a aussi des Indiennes et des Népalaises… Avec les moines, les enfants y apprennent des choses inconnues que nous occidentaux matérialistes aurions du mal à comprendre ; la concentration, le souffle, l’approche de la conscience, la
compassion. Par contre ce qu’il leur manque sur place c’est l’organisation.

La suite dépend du succès de cet album, si l’éditeur a envie de renouveler cela, je déborde d’idées !

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http://www.grainesdavenir.com/


 

Propos receuillis à l'Hotel Métropole. Merci Viviane !

photos (c) JJ Procureur

Shesivan

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