Yawara!
Dessinateur : Naoki Urasawa
Editeur: Kana
Résumé :
Ce vingtième et ultime tome de Yawara! nous plonge dans les dernières phases du tournoi olympique, où Yawara Inokuma s’apprête à affronter des adversaires de taille. Parmi elles, Jody Rockwell, son amie canadienne, et Tereshkova, la judoka soviétique redoutée. Ces deux combattantes sont déterminées à donner le meilleur d’elles-mêmes pour affronter Yawara, qu’elles considèrent comme une rivale à la hauteur de leurs ambitions.
Avis :
Ce tome 20 est un aboutissement à la hauteur de la série. Non seulement il offre des combats d'une intensité rare, mais il vient aussi clore avec beaucoup de finesse tous les arcs émotionnels entamés. Le match contre Tereshkova, notamment, est une réussite absolue. Jusqu’ici présentée comme froide, inexpressive, presque robotique, cette judoka imposante se révèle dans ce tome. Son passé, ses motivations, sa discipline et son humanité sont mises en lumière avec sensibilité. Ce travail de développement permet de transformer un personnage jusque-là stéréotypé en une vraie figure dramatique.
Et bien sûr, le clou du spectacle reste le match tant attendu entre Yawara et Jody. Une promesse vieille de cinq ans, une amitié profonde, un respect mutuel inébranlable… Tout est réuni pour une confrontation exceptionnelle. Et le résultat ne déçoit pas. Urasawa, fidèle à lui-même, nous offre un combat magnifiquement mis en scène, où chaque prise, chaque mouvement, chaque hésitation se ressent avec force et émotion.
C’est sans surprise que ce tome brille graphiquement. Urasawa maîtrise son art jusqu’au bout. Les scènes de judo sont époustouflantes : le dynamisme des corps, la tension des regards, l’impact des projections – tout est vivant, fluide, immersif. L’action est palpable à chaque page, et le découpage joue parfaitement avec la tension dramatique.
Mais il ne s’arrête pas là. Les émotions non dites, les regards échangés, les souvenirs qui ressurgissent en silence… tout passe aussi par le dessin. Ce dernier tome est une vitrine du talent d’Urasawa, autant pour l’action que pour l’émotion.
La narration est, comme dans les meilleurs tomes de la série, équilibrée et riche. Urasawa jongle habilement entre les combats, les flashbacks et les réactions des anciens personnages. Rien ne semble superflu : chaque apparition, chaque souvenir sert à renforcer le propos final du manga — celui d’une jeune fille qui, en vivant ses choix, a changé le monde autour d’elle.
Les dialogues sont justes, souvent puissants, parfois même touchants dans leur simplicité. Le récit se ferme sur une note d’espoir, aussi bien sur le plan sportif que personnel. Yawara entrevoit enfin un avenir à elle, libéré des ambitions des autres, et tourné vers ses propres désirs.
En conclusion, ce tome 20 de Yawara! est une fin exemplaire, à la fois spectaculaire, émotive et cohérente. L’auteur boucle la boucle avec respect pour ses personnages et ses lecteurs. Les combats sont parmi les meilleurs de toute la série, et la finale tant attendue entre Yawara et Jody tient toutes ses promesses.
Mais ce tome va au-delà du sport : il parle de rêves, d’espoir, de passage à l’âge adulte, et de l’impact qu’une seule personne peut avoir autour d’elle. Yawara sort grandie, et nous aussi.
Un dernier volume intense, émouvant et parfaitement orchestré, qui vient clôturer cette œuvre avec brio. Une très belle fin, comme on en voit rarement.