Chroniques de la mariée de Bretagne
Dessinateur : Junji Takehara
Scénariste : Junji Takehara
Editeur: Kurokawa
L’histoire du Quatrième Livre, rédigé par Maistre Junji Takehara
Chapitres 17 à 21
Or donc, la gente Andrée, escortant la noble Dame Bérengère (ancienne épouse du Roy Richard Cœur de lion), se voit pourchassée par le sire Philippe, bâtard du roy
En ce ballet effréné de poursuites et de fuites, l’espoir d’Andrée demeure de retrouver le mystérieux Robert de Tournouze, afin de lever le voile sur le mystère entourant la naissance de feu son père.
Mais c’est des lèvres de son loyal compagnon Thomas que la damoiselle reçoit enfin la révélation tant attendue : elle n’est autre que la fille de feu Arthur Ier, jadis duc de Bretagne, héritier du trône d’Angleterre, et par là même, nièce du sire Philippe, fils illégitime du roy Richard. Ainsi se dévoile à elle la grandeur de sa lignée.
Hélas, la vérité sur la funeste disparition de son père s’éclaire davantage : il semblerait que l’actuel duc de Bretagne, messire Pierre Ier, soit le principal instigateur de ce crime odieux…
Ce qu’on en a pensé…
En ces temps anciens, sous le règne tumultueux de Pierre Ier, le duché de Bretagne se fait théâtre de passions, de complots et de destins contrariés. Le mangaka Junji Takehara, passionné d’histoire médiévale européenne, tisse dans ses Chroniques de la Mariée de Bretagne une fresque où se mêlent drame, romance et rigueur historique, ancrant son récit dans la Bretagne du XIIIe siècle, terre de rivalités entre Capétiens et Plantagenêts. S’inspirant de personnages réels tels que Pierre de Dreux, et s’attachant à restituer les coutumes, les langues et les décors de l’époque, l’auteur convie le lecteur à une immersion rare, où même la langue bretonne se glisse dans les dialogues, et où les blasons, les armures et les parchemins sacrés témoignent d’une recherche minutieuse. Ainsi, le premier chapitre, disponible en breton comme en français, rend hommage à une culture menacée, et la galerie de personnages, fictifs ou historiques, évolue dans un univers fidèle à la réalité médiévale, loin des fantasmes habituels.
Or donc, en cette heure sombre où les vents du destin soufflent sur la cité du Mans, tous les protagonistes de nostre chronique se voient, par le jeu des hasards et des nécessités, rassemblés en ces murs. Mais que nul n’imagine festoiement ou embrassades : car les retrouvailles, loin d’être joyeuses, sont empreintes de trouble et de confusion. Chacun, tel un cerf traqué, court en sens contraire, cherchant soit à échapper à l’étreinte du sort, soit à retrouver un être cher, soit encore à percer le voile des secrets qui les entourent.
Las ! Les révélations, telles des lames affûtées, viennent trancher les certitudes de nos héros et héroïnes. Ce qui était cru, ce qui paraissait sûr, s’effondre sous le poids de la vérité dévoilée. Ainsi, tous se retrouvent sur un pied d’égalité, chacun désormais porteur d’un fardeau nouveau, contraint de prendre en hâte des décisions dont dépendra leur salut ou leur perte.
Le récit, mené d’une main experte, distille un suspense haletant : l’urgence de la situation se fait sentir à chaque page, et le lecteur, tout comme les personnages, se trouve emporté dans un tourbillon d’événements imprévus. Les surprises, nombreuses et bien amenées, frappent avec la force d’un orage sur la lande bretonne, bouleversant le cours des existences.
Nulle lassitude ne vient troubler la lecture, tant l’intrigue se renouvelle sans cesse et tant les enluminures – car tels sont les dessins – plongent l’âme du lecteur au cœur même du Moyen Âge. L’ambiance, riche et immersive, confère à l’ensemble une puissance rare, faisant de ce tome un véritable tournant pour cette saga. Foi de chroniqueur, c’est là une œuvre qui se dévore d’un trait, et qui laisse en bouche le goût enivrant des grandes légendes bretonnes
A suivre en Août 2025, avec le tome 05.
Milan Morales